La traduction de dessins techniques : processus et procédures

Nos clients des secteurs de l’architecture, de l’ingénierie, des procédés industriels et de la fabrication ont souvent besoin de la traduction de dessins techniques (dessins CAD). Dans ces projets, la collaboration et la communication entre le gestionnaire du projet de traduction et le client sont primordiales.

De quels fichiers avons-nous besoin?

Nous utilisons des logiciels appelés outils de traduction assistée par ordinateur (TAO) dans presque tous nos projets. Ces outils prennent en charge de nombreux formats de fichier.  En éditique, par exemple, lorsque l’on traduit des fichiers InDesign, nous pouvons ouvrir les fichiers IDML directement dans l’outil. L’outil extrait le texte à traduire, compare le texte avec les traductions antérieures et présente au traducteur une interface en deux colonnes pour saisir la traduction. Une fois le texte traduit (et vérifié, deux fois plutôt qu’une), l’outil exporte un fichier IDML qui présente le dessin exactement comme il était dans le fichier original, sauf que le texte est dans une autre langue.

Malheureusement, les meilleurs outils de traduction assistée par ordinateur ne prennent pas (encore) en charge la plupart des formats de fichier utilisés par les logiciels de CAO.

Conversion de fichiers pour la traduction

Peu importe le logiciel de dessin technique que vous utilisez, les données doivent être fournies en format DXF.  Le format DXF (Drawing eXchange Format) est un format à source ouverte créé par Autodesk au lancement de son premier logiciel de dessin. Il avait pour but de permettre aux utilisateurs pionniers de partager leurs fichiers sans dévoiler à la concurrence les spécifications de leur format DWG natif. Nous pouvons convertir les fichiers DXF en format texte compatible avec nos outils de traduction.

Il est préférable que les fichiers DXF soient exportés directement du logiciel de CAO. Si ce n’est pas possible, nous avons des outils de conversion des fichiers DWG. AutoCAD et SolidWorks permettent l’exportation de fichiers en format DXF. Si l’original du fichier de CAO n’est pas disponible et que l’on n’a que des fichiers en format d’image, comme PDF ou PNG, il est aussi possible de faire la conversion en format DXF. Dans tous les cas, la conversion du dessin devra être examinée minutieusement pour vérifier que toute l’information est là. Une perte d’information est bien plus probable lorsque l’on convertit un fichier en format d’image, comme PDF ou JPEG, mais l’exportation directe par le logiciel de dessin n’est pas infaillible non plus. Si la conversion n’est pas possible, il est possible de traduire le fichier CAO source directement, mais cela prendra plus de temps et coûtera plus cher.

Bien qu’AutoCAD ait une extension de traduction pour l’exportation de textes, nous ne la recommandons pas. D’abord parce qu’au moment d’écrire ces lignes (octobre 2020), elle ne prend pas en charge Unicode. Ensuite parce qu’Unicode procure une plus grande souplesse pour la traduction dans une langue donnée avec un jeu de caractères donné.

Pseudo-traduction

Avant de lancer un projet, nous effectuons une pseudo-traduction des fichiers DXF à l’aide d’un outil qui produit une fausse traduction donnant un aperçu des dessins dans la langue cible. Bien que le logiciel AutoDesk soit dispendieux, les visionneuses pour fichiers AutoCAD ne le sont pas. Elles nous permettent de comparer la pseudo-traduction avec le document source pour voir s’il manque des données.

La pseudo-traduction est aussi utile à l’évaluation de l’incidence de l’expansion du texte (le foisonnement).  Certaines langues nécessitent plus de caractères que d’autres pour exprimer la même chose. Lorsque l’on traduit de l’anglais vers une langue romane, comme le français ou l’espagnol, le texte d’un dessin technique peut prendre jusqu’à 30 % de plus d’espace.  Cela entraîne des problèmes réels pour un document de conception.  La pseudo-traduction nous aide à anticiper les endroits où le texte peut déborder de la page ou chevaucher d’autres éléments. Elle montre au traducteur où il est nécessaire de condenser ou d’abréger le texte.

Création de dessins techniques adaptés à la traduction

Le meilleur moyen d’éviter les problèmes consiste à créer un fichier source adapté à la traduction. Ce principe s’applique à tous les types de fichiers de conception. Par exemple, si vous créez un dessin devant être traduit en français, vous devriez laisser un peu d’espace libre pour tenir compte de l’expansion du texte. Dans le cas des dessins techniques en particulier, les étiquettes et les notes qui accompagnent le dessin prennent de l’expansion pendant la traduction. Les pratiques exemplaires de traduction de dessins techniques recommandent de rédiger les notes séparément sous forme de liste et d’utiliser sur le dessin des chiffres renvoyant au texte correspondant.

Le client peut aussi collaborer avec son fournisseur de services linguistiques à la création d’une liste de termes à traduire avant de commencer la traduction du texte. Nous utilisons des outils pour automatiser le processus terminologique, puis nous faisons traduire la terminologie par un expert technique avant de commencer le projet. Nous utilisons un glossaire bilingue pour créer une base terminologique dans l’outil de traduction. Chaque fois que le terme source apparaît, le traducteur le saura. Tout écart par rapport à la base terminologique peut être corrigé sur-le-champ ou à l’étape de l’assurance de la qualité. Les outils de traduction assurent l’uniformité : la base terminologique et la mémoire de traduction sont conservées de façon à ce que la terminologie privilégiée soit utilisée dans toutes les traductions de l’entreprise. Elles servent aussi d’outils de référence pour les abréviations utilisées afin de compenser le foisonnement.

Conclusion

Après la traduction, la révision, l’assurance de la qualité et la vérification de la présentation du dessin, nous livrons les fichiers DXF au client. La mémoire de traduction est conservée pour accroître l’efficacité et l’uniformité des prochains projets de traduction de ce client.