Qu’est-ce que la rétrotraduction?

À l’occasion, certaines entreprises demandent à leur cabinet de traduction de procéder à une validation supplémentaire : la rétrotraduction. Cette étape consiste à retraduire un document déjà traduit vers sa langue d’origine. Il s’agit alors de déceler, dans des textes techniques, médicaux ou autrement spécialisés, d’éventuelles erreurs graves.

Quand est-ce obligatoire?

La rétrotraduction est une étape d’assurance qualité supplémentaire dans la traduction de contenu où les erreurs peuvent avoir des conséquences graves, voire fatales. Les comités d’éthique et les comités d’examen d’établissement (CEE) exigent généralement une rétrotraduction et un certificat d’exactitude pour la documentation associée aux relevés de recherche et aux essais cliniques. Certains organismes de réglementation peuvent aussi demander une rétrotraduction des instructions d’appareils médicaux et des processus industriels possiblement dangereux. Cela permet de relever des ambiguïtés ainsi que des éléments de nature délicate dans la source. On s’assure aussi de dissiper toute confusion attribuable aux différences culturelles avant de publier la traduction finale.

À quoi s’attendre d’une rétrotraduction?

Cette étape est effectuée par un traducteur qui n’a pas participé à la traduction initiale. Il ne faut pas s’attendre à obtenir une copie conforme à l’original. La traduction est un art, pas une équation mathématique, ce qui laisse place à une certaine variation lexicale. Nos traducteurs ont comme instruction d’effectuer une rétrotraduction quasi littérale et facilement compréhensible, en utilisant des termes précis et en évitant toute préférence stylistique. Une fois le texte retraduit vers sa langue d’origine, l’étape de comparaison peut commencer.

Comment se déroule l’étape de comparaison?

À cette étape, nous comparons la rétrotraduction avec le document d’origine afin de déceler les passages qui semblent diverger. Nous nous arrêtons également aux formulations ambiguës qui mènent à différentes interprétations. Puis, nous transmettons notre rapport à l’équipe de rédaction du client en vue de recueillir ses commentaires.

S’il y a des différences marquées entre le document d’origine et la rétrotraduction, le traducteur initial passe en revue toute divergence ou ambiguïté. Il commente le rapport en justifiant ses choix ou en proposant d’autres solutions qui reflètent plus fidèlement le contenu du client. Les écarts sont ainsi corrigés par le biais de modifications dans la traduction initiale ou de clarifications des ambiguïtés dans la source.

Rétrotraduction : quelques conseils

La rétrotraduction et la comparaison ne reposent pas sur une science exacte. Lisez les conseils ci-dessous afin d’en tirer le maximum.

Ne faites pas faire la rétrotraduction par un cabinet différent

Vous devriez avoir recours au même partenaire de traduction pour la traduction initiale et la rétrotraduction – à moins que vous ayez fait appel à un traducteur indépendant pour la traduction initiale; dans ce cas, vous ne pouvez pas lui demander de retraduire le document en sens inverse. En faisant affaire avec un cabinet de traduction certifié ISO 17100, vous avez la garantie que la rétrotraduction sera effectuée par une seconde équipe professionnelle qui n’a pas accès au document d’origine. Faire affaire avec des professionnels vous permettra d’éviter les erreurs qui pourraient être introduites à l’étape de la retraduction (les « faux positifs ») et se traduira par des économies à l’étape de la comparaison. D’ailleurs, aucun cabinet de traduction ne peut remettre un certificat d’exactitude pour une traduction effectuée par un tiers. Si vous avez besoin d’une rétrotraduction ET d’un certificat d’exactitude, gardez le même partenaire du début à la fin.

Laissez aux traducteurs les considérations linguistiques

Les règles grammaticales et syntaxiques diffèrent d’une langue à l’autre. Si vous demandez certains changements pour que l’ordre des mots dans le document traduit soit identique à celui du document d’origine (par exemple, privilégier la voix passive à la voix active), vous risquez d’obtenir une traduction de moindre qualité ou d’introduire des erreurs de grammaire.

Ne paniquez pas si la rétrotraduction ne correspond pas exactement à la source

Si vous constatez des différences entre la rétrotraduction et votre document d’origine, attendez que l’équipe de traduction passe en revue vos questions et y réponde avant d’exiger une révision. La traduction n’est pas forcément erronée, mais l’écart doit être vérifié.

  • Un mot ou une phrase peut avoir plusieurs significations. Par exemple, dans une traduction vers l’espagnol, un traducteur médical a choisi le terme « girar » comme équivalent de « pivoter ». Puis, le traducteur responsable de la rétrotraduction a retraduit « girar » par « tourner ». Puisque « girar » peut signifier « tourner », « pivoter » ou encore « virer », la traduction est tout à fait appropriée. Dans ce cas particulier, une erreur potentielle a été signalée, mais après avoir entendu la justification du traducteur, on a conservé la traduction telle quelle.
    • Le traducteur responsable de la seconde traduction a pu introduire une erreur lors de la rétrotraduction. N’oublions pas que l’erreur est humaine.
    • Autre possibilité : la traduction s’est trop éloignée du message original et doit être révisée. Nous sommes là pour vous!

Les différences n’ont pas toutes la même importance

La structure des phrases et les choix lexicaux importent peu si le sens reste le même. Ce qui compte, c’est la signification sous-jacente. N’essayez pas de modifier la traduction coûte que coûte pour obtenir une version retraduite qui correspond mot pour mot au document d’origine.

Voici un exemple de différence ayant une grande importance (pour une réclamation d’assurance maladie) :

Texte source en françaisinflammation
Traduction du français vers l’arabeإلتهاب
Rétrotraduction de l’arabe vers le françaisinfection

D’un point de vue médical, une inflammation et une infection sont deux notions distinctes. Cette divergence risque de porter à confusion dans une réclamation d’assurance maladie. Dans un tel cas, le traducteur devra réviser sa traduction pour la rendre plus précise.

Voici un exemple de différence ayant peu d’importance :

Texte source en françaisdéchet
Traduction du français vers l’allemandAbfall
Rétrotraduction de l’allemand vers le françaisordure

Ici, « déchet » et « ordure » sont synonymes. En contexte, il n’est pas essentiel de faire la distinction entre ces deux termes. Le lecteur comprend le sens véhiculé, c’est pourquoi une révision n’est pas nécessaire.

Le document d’origine peut manquer de clarté 

Assurez-vous toujours de fournir à votre partenaire de traduction un texte source de qualité. Même si vous avez la certitude que votre document est prêt à être traduit, la rétrotraduction peut révéler des ambiguïtés, lesquelles devront être corrigées dans la source. Voici un exemple :

Texte source en françaisLes contrats et documents approuvés ont été soumis à l’avocat.
Traduction du français vers l’espagnolLos documentos aprobados y los contratos se presentaron al abogado.
Rétrotraduction de l’espagnol vers le françaisLes documents approuvés et les contrats ont été soumis à l’avocat.

Les contrats ET les documents sont-ils approuvés? Ou seulement les documents? La phrase initiale est ambiguë et une reformulation de la source pourrait clarifier la situation.

Conclusion

La rétrotraduction peut s’avérer un précieux outil d’assurance qualité lorsque l’exactitude est cruciale. Suivez nos conseils pour profiter d’une expérience simple et sans tracas. Faites-le notamment s’il s’agit de vérifier la traduction d’un document médical ou technique. Pour évaluer les éléments subjectifs d’une traduction (style, préférences de marque, etc.), n’optez pas pour la rétrotraduction; soumettez plutôt le texte à un membre de votre organisation établi dans le pays où le document est destiné.