Si vous comptez lancer la traduction de sondages en plusieurs langues, tenez compte de certains enjeux culturels. Même les questionnaires les mieux traduits peuvent comporter des biais culturels importants, ce qui fera varier les réponses selon la culture du répondant. Voici des obstacles qui pourraient se présenter et la façon de les surmonter.
Pour élaborer un sondage, beaucoup utilisent l’échelle de Likert, un outil où le répondant doit indiquer, sur une échelle de un à cinq, s’il est d’accord ou en désaccord avec un énoncé. Or, selon des experts en communication interculturelle, les membres de certaines communautés privilégient les réponses extrêmes (tout à fait d’accord, pas du tout d’accord), tandis que d’autres groupes ont tendance à modérer leurs transports (ni d’accord ni en désaccord). On remarque aussi, par exemple, que, questionné à propos de son degré de satisfaction d’un produit ou service, s’il hésite entre répondre 4 (satisfait) ou 5 (très satisfait), l’Américain répondra 5 alors que le Québécois (et peut-être l’ensemble des Canadiens) répondra 4. Ces écarts n’ont rien à voir avec la question posée. D’après les chercheurs, ils s’expliquent plutôt par l’acceptabilité des opinions extrêmes dans une culture donnée.
La solution : Pour mieux saisir les divergences d’opinions, aussi légères soient-elles, utilisez une échelle de 1 à 10 plutôt que de 1 à 5. Vous devriez obtenir des réponses un peu plus nuancées.
L’échelle de Liker pose un autre problème : certaines communautés ont l’habitude de considérer que le chiffre 1 est le plus positif et le 5, le plus négatif. Dans d’autres milieux, c’est l’inverse. Si vous sondez nos voisins du Sud, sachez que certains chercheurs affirment que les répondants ont tendance à privilégier une réponse du côté gauche, quelle que soit la question; une affaire de perceptions, peut-être. On peut se demander si ce n’est pas l’inverse dans les langues qui se lisent de droite à gauche, comme l’arabe ou l’hébreu…
La solution : Pour contrecarrer cette tendance, concevez un sondage où la réponse positive se trouve à gauche et un autre où il est à droite, puis envoyez chacun à la moitié des répondants.
Les questions à caractère sociodémographique peuvent se révéler délicates. Dans certaines cultures, demander au répondant d’indiquer sa fourchette de rémunération ou son appartenance ethnique ne se fait tout simplement pas.
La solution : Ayez recours à un consultant en communication interculturelle. Il vous aidera à poser vos questions d’une façon acceptable.
Prenez garde aux équivalences d’une culture à une autre. Par exemple, mesurer le degré d’études peut présenter des difficultés. Un baccalauréat au Canada n’a pas la même valeur qu’en France; de même, un diplôme de niveau « O » (O-level) au Pakistan a-t-il la même valeur que le GCSE d’Angleterre ou le GED des États-Unis? Ajoutons enfin que, d’un pays à l’autre, on perçoit différemment la valeur d’un diplôme selon qu’il a été obtenu dans une université ou dans une école de métiers.
La solution : Ayez recours à un consultant en communication interculturelle. Il vous aidera à y voir clair.
Enfin, il faut tenir compte de l’incidence de certaines valeurs sociales sur les réponses obtenues. Par exemple, dans une société qui attache beaucoup d’importance à l’autorité, l’évaluation d’un superviseur par ses subordonnés donnera probablement des réponses favorables. Dans d’autres cas, ce biais peut concerner plutôt les collègues de travail. Et, même si vous garantissez aux répondants la plus stricte confidentialité, dans certaines cultures le doute demeurera toujours quant au respect d’un tel engagement. Alors, quelles réponses obtiendrez-vous : ce que les gens pensent vraiment, ou ce qu’ils devraient penser? C’est ce genre de biais qu’une évaluation culturelle de votre sondage peut atténuer en adaptant vos questions de façon à obtenir des réponses utiles sans qu’elles soient perçues comme menaçantes à l’égard des valeurs sociales d’une communauté.
Les personnes qui répondent à votre sondage vous font une faveur. Un sondage sur la mobilisation des employés, par exemple, ne se limite pas à mesurer les attitudes et les croyances. Il informe aussi les employés des enjeux que la direction considère comme importants. Pour cette raison, assurez-vous de ne pas les questionner à propos de problèmes que vous n’avez pas l’intention de régler. Évitez les questions qui peuvent paraître de mauvaise foi, car vous cultiverez la méfiance.
Dans la grande entreprise, les employés et la haute direction parlent souvent des langages différents. Si vous comptez diffuser à grande échelle les résultats de votre sondage, veillez à le traduire dans une langue que tout un chacun pourra comprendre.
En conclusion, si vous préparez la traduction de sondages en plusieurs langues, faites appel à un partenaire d’expérience qui saura adapter votre questionnaire afin que vous en tiriez le maximum.